Une des images qui fait référence aujourd’hui pour identifier notre littoral landais, c’est un trait de côte dunaire « tracé au cordeau » mais cela n’a pas toujours été le cas…
Que d’eaux, que d’eaux !
La carte “della Guienna e della Guascona”’ (de la Guyenne et de la Gascogne), dressée par le géographe italien Giacomo CANTELLI DA VIGNOLA en 1695, nous laisse à voir un trait de côte alors bien tourmenté.
A cette époque, les Landes étaient un territoire que l’on pouvait qualifier de « spongieux » et le littoral échappait peu à cette règle. Lacs marins et d’eaux douces, ainsi que moult plaines marécageuses composaient une géographie singulièrement humide. Même si la présence de quelques dunes et forêts de pins (« pignada »), ici où là, tempérait quelque peu cette vision.
A la lecture de cette carte, vous ne serez pas étonnés d’apprendre que l’étymologie du terme « Marensin » (Pays historique qui s’étend de Contis à Soustons) viendrait du latin Maris sinus, golfe de la mer.
D’hier à aujourd’hui : une véritable métamorphose.
Les travaux engagés par l’Etat, dès le début du 18ème siècle, afin de fixer une dune unique tout au long du littoral océanique ont, au fil du temps, fait évoluer significativement notre trait de côte. Cette action d’aménagement de grande envergure a eu pour effet, entre autres, de marquer un net partage entre les étangs et l’océan. Nombre de ces « lacs » ont vu leur superficie se réduire au fil des ans et certains ont même disparu comme dans le cas des étangs de St Julien en Born/Contis et de Lit et Mixe. Ceux-ci laissent place aujourd’hui à la plaine de Pigeon, vaste zone humide d’une grande richesse faunistique et floristique.
Des activités étonnantes
Nos touristes d’aujourd’hui, qui utilisent l’océan, nos lacs et rivières comme un immense espace de jeu, pourraient difficilement imaginer les activités qui on été pratiquées dans nos contrées au fil des siècles.
Pour exemple, quelques années avant la guerre de 1939/1945, la mairie de Lit et Mixe recevait une demande de concession pour l’exploitation d’une hirudiniculture.
Ce projet n’a pas finalement pas vu le jour ouf ! Car l’hirudiniculture c’est… l’élevage de sangsues à des fins thérapeutiques : « Nourries 1 ou 2 fois par an de larves d’insectes et de têtards, elles sont pêchées au printemps et à l’automne entre 18 et 24 mois. Puis elles sont soumises à un jeûne forcé pendant au moins 100 jours pour qu’elles sécrètent l’hirudine, anticoagulant 10 fois plus puissant que l’héparine ». Plutôt sympathique comme élevage non !
A l’inverse de cette activité répugnante, favorisant peu la promotion du tourisme local, l’association historique Mémoire en Marensin a découvert de nombreux vestiges tendant à prouver que le commerce des coquillages était chose courante depuis plusieurs siècles sur notre littoral. On peut d’ailleurs noter qu’il subsiste actuellement quelques producteurs ostréicoles sur le lac marin d’Hossegor.
Un paysage anthropique *
Les actions d’aménagement sur le littoral Aquitain, engagées il y a plus de deux siècles, ont été prolongées, à partir des années 1960, par une nouvelle série de grands travaux menée dans le cadre la Mission Interministérielle d’Aménagement de la Côte Aquitaine (MIACA). Le principe d’un aménagement urbanistique favorisant l’accueil d’une population touristique importante était acté. En contrepartie, d’importantes zones naturelles étaient préservées afin d’éviter les dérives constatées, dès cette époque, sur la côte méditerranéenne.
Un genre de Loi Littoral avant l’heure dont le volet environnemental énonce qu’elle doit permettre : “la protection des équilibres biologiques et écologiques, la lutte contre l’érosion, la préservation des sites et paysages et du patrimoine”.
Nos visiteurs s’émerveillent régulièrement de la nature préservée sur notre côte landaise. Il est parfois difficile de leur faire comprendre que, sans les actions fondatrices de nos prédécesseurs, nos contrées seraient aujourd’hui particulièrement inhospitalières.
Il nous faut donc rester très vigilant afin de préserver cet acquis mis à mal que ce soit par la fureur de l’océan mais aussi par une pression humaine de plus en plus importante.
*Sont qualifiés d’anthropiques tous les phénomènes qui peuvent être conséquents de la présence ou de l’action de l’être humain.
Sources Mémoire en Marensin (bulletin n°4/2004).
En savoir plus : http://littoral-aquitain.fr/gestion-bande-cotiere